Dans une période incertaine où le renouvellement des générations dans le milieu agricole a tendance à diminuer, le Réseau EVA Bourgogne-Franche-Comté, la Chambre régionale d’agriculture de Bourgogne-Franche-Comté (CRA BFC), le REPAFEB (Réseau des établissements publics agricoles de formation et d’enseignement de Bourgogne Franche Comté) et OCAPIAT (Opérateur de compétences pour la Coopération agricole, l’Agriculture, la Pêche, l’Industrie Agro-alimentaire et les Territoires) se sont rapprochés pour signer une convention afin de mettre en place un réseau efficace pour conseiller et accompagner toutes les personnes qui souhaitent évoluer, se reconvertir ou s’installer dans la filière agricole.
Ce travail en commun a été formalisé par la signature d’une convention de partenariat le 19 octobre 2022.
L’importance d’un tel partenariat
Agriculteur dans le sud de la Nièvre, associé avec son frère sur une exploitation en polyculture, Florent Point, est également Président du comité d’orientation régional Installation Transmission à la Chambre régionale d’agriculture de Bourgogne-Franche-Comté et Président des Jeunes Agriculteur BFC
Quel est le contexte des Points Accueil Installation (PAI) ?
FP : « Le Point Accueil Installation ou PAI est une structure labellisée. Il existe un PAI par département. C’est le lieu unique de tous les porteurs de projet qui s’intéressent de près ou de loin à l’agriculture et qui ont envie de s’installer en tant qu’agriculteur. »
Qu’est-ce que la convention « PAI » ?
FP : « La convention PAI est un moyen de fédérer tous les acteurs, concernés par l’installation. Ces acteurs pourront alors diriger tous les porteurs de projets identifiés sur le territoire vers les PAI. Ces points d’accueil vont pouvoir orienter et conseiller les porteurs de projet vers le bon accompagnement, afin que le projet porté puisse aboutir. »
Et donc pour vous, quelle est l’importance de formaliser ce partenariat ?
FP : « Ce partenariat est d’autant plus important car nous avons besoin d’avoir une couverture la plus large possible pour pouvoir atteindre le maximum de monde. L’objectif est d’éviter que des porteurs de projet se retrouvent seuls, sans soutien alors qu’il existe une structure (le PAI) où tout est prêt pour les accueillir, les orienter et les accompagner au mieux dans leur projet. »
Fatène Salhi, est directrice de projet du Réseau EVA Bourgogne-Franche-Comté, opérateur régional du conseil en évolution professionnelle des actifs occupés.
Qu’est-ce que le CEP ?
FS : « Le conseil en évolution professionnelle délivré par Réseau Eva Bourgogne-Franche-Comté est un droit qui s’offre à tous les salariés du secteur privé et travailleurs indépendants. C’est une mission de service public qui aide chacun dans la concrétisation de ses envies professionnelles en apportant des réponses à ceux qui s’interrogent sur leur avenir professionnel, portent des projets d’évolution ou de reconversion, souhaitent être éclairés sur les dispositifs et les financements de formation…. C’est un service sur mesure, adapté à la personne pour répondre à chaque besoin et à chaque situation pour : aider à choisir la bonne formation, prendre du recul face à une situation professionnelle, faire connaître des métiers, sécuriser les choix de maintien ou d’évolution professionnelle … »
Comment se concrétise le partenariat avec les autres structures ?
Le partenariat vise à associer les parties prenantes impliquées autour d’une situation professionnelle d’évolution, de reconversion ou d’installation dans la filière agricole. Selon le niveau de maturité du projet de la personne, de son avancement dans les démarches, de son capital d’expérience et de compétences, …. les partenaires s’associent et mobilisent leurs expertises en complémentarité pour apporter un service personnalisé de qualité afin d’aider les actifs en emploi à sécuriser leur stratégie d’évolution professionnelle. Cette articulation nécessite la connaissance des offres de services réciproques et des contacts réguliers entre les équipes de terrain. Ce sont des actions menées à tous les échelons en région et dans les territoires pour harmoniser les pratiques et garantir une fluidité des parcours au service des bénéficiaires, des entreprises et de la branche professionnelle »
Pouvez-vous me donner un ou des exemples de parcours en collaboration avec ses partenaires ?
« Nous accueillons régulièrement des envies professionnelles de reprise d’exploitation agricole. Ces projets sont partagés, vérifiés et consolidés avec le conseiller en évolution professionnelle qui informe des alternatives pour concrétiser le projet d’installation. Les projets maturés nécessitent de penser la transition d’une situation salariée vers une situation d’exploitant agricole : les services du Point Accueil Installation de la chambre de l’agriculture apportent l’expertise technique liée à la faisabilité du projet (aides financières, démarches d’installation,). Des compétences complémentaires ou une qualification sont parfois nécessaires pour sécuriser la stratégie d’installation : le conseiller en évolution professionnelle informe sur toutes les offres de formation du territoire et propose des outils qui aident aux choix de formation. Le salarié peut décider de s’orienter vers l’offre du Cfppa pour obtenir une certification telle que le BPREA. L’ensemble des démarches est formalisé avec le conseiller en évolution professionnelle pour mobiliser un dispositif de formation. Lorsque les démarches aboutissent, le conseiller peut accompagner pendant la formation pour prévenir des ruptures de formation longues et jusqu’à l’intégration dans le nouvel emploi. Il reste le « fil rouge » du salarié »
Et qu’est-ce que cela implique et apporte ?
« La coopération et la collaboration partenariales permettent de mieux sécuriser la mise en œuvre des stratégies d’évolution professionnelle des porteurs de projet. Elle permet de mieux informer et promouvoir les métiers de la filière agricole. Ensemble nous contribuons plus efficacement aux besoins
de qualification, de recrutement et de renouvellement générationnel du secteur de l’agriculture »
Directeur du CFPPA de Quetigny-Plombières depuis 2018, Laurent Rouzeau préside également
le réseau régional CFPPA Agri aux côtés de son homologue de Valdoie, Bertrand Schmieden.
Qu’est-ce que la convention PAI ?
LR : “La convention PAI, pour nous, c’est l’aboutissement d’un partenariat qui était déjà existant et qui prend aujourd’hui un nouvel élan afin de s’adapter à une évolution du publique de stagiaires en reconversion professionnelle et qui veulent s’installer en agriculture. C’est une véritable rencontre de tous nos partenaires et surtout l’aboutissement du travail de trois structures. Il y a aujourd’hui un vrai enjeu alimentaire au niveau national et donc également en Bourgogne Franche-Comté, un territoire où l’on est fier de nos productions. Par conséquent, c’est important pour nous de continuer d’avoir des personnes qui innovent dans ce secteur. »
Et donc pour vous, quelle est l’importance de formaliser ce partenariat ?
LR : “Lorsque l’on a des partenaires historiques, comme c’est le cas pour nous, on a l’impression que l’on se connait depuis toujours, ce qui est vrai. On a aussi l’impression que l’on travaille ensemble tous les jours, ce qui est vrai, et puis on oublie parfois de se réinterroger et se dire que travailler ensemble, ce n’est pas qu’une question d’habitudes, c’est un vrai enjeu et c’est aussi une façon de montrer aux contributeurs extérieurs que la communauté de l’accompagnement des projets agricoles, elle est à l’écoute du territoire, à l’écoute des évolutions et faire cette convention, c’est marqué notre capacité à nous adapter à l’évolution de nos publics.”
Laurence Maire DU POSET chargée de mission Installation Transmission à la Chambre Régionale d’Agriculture de Bourgogne-Franche-Comté
Qu’est-ce que le Point Accueil Installation (PAI) ?
LMDP : « Le Point Accueil Installation, ou PAI est un guichet unique qui va apporter un service à tous les porteurs de projet en agriculture qui souhaitent s’installer avec les aides ou non. Le PAI apporte de l’information, il oriente vers les structures compétentes et aide à l’élaboration de l’auto diagnostic des compétences. Il permet tout simplement de guider le porteur de projet dans ses démarches. »
Comment se concrétise le partenariat avec les autres structures ?
LMDP : « Le PAI est donc une porte d’entrée unique pour tous. En fonction du profil de chaque porteur de projet, le PAI va l’orienter vers les partenaires appropriés en fonction de ses besoins, en fonction de sa formation, mais surtout aussi en fonction de la finalisation de son projet. »
Pouvez-vous me donner un ou des exemples de parcours en collaboration avec ses partenaires ?
LMDP : « Notre réseau des Chambres d’agricultures rayonne sur l’ensemble du territoire. Les différentes structures départementales sont de réels viviers de compétences. Quand ces compétences ne sont pas présentes dans le réseau, nous allons les chercher auprès de divers partenaires. Par exemple, quand un porteur de projet souhaite ou recherche du foncier, on va l’orienter plutôt vers Terre de liens ou encore la SAFER. Si un porteur de projet est plutôt centré sur un type d’agriculture plutôt agri-rural, alors nous lui proposons un rendez-vous croisé. En fonction de ce rendez-vous, on le réorienter probablement vers le bon partenaire. Cela peut-être le Serpolet, Accueil Paysan, mais également aussi un CFPPA pour les formations que soit pour des compétences techniques ou entrepreneuriales. »
Et qu’est-ce que cela implique et apporte ?
LMDP : « Ça implique une très grande coordination entre tous les partenaires. L’objectif, ne l’oublions pas, c’est bien d’être au service du porteur de projet. Il faut être lisible dans le paysage et surtout par le porteur de projet. C’est une très grande richesse. La finalité, c’est de permettre aux porteurs de projet qui va être reçu au PAI de pouvoir passer du rêve au projet, à la viabilité de son projet. Donc de devenir agriculteur. »
Nathalie Adnet, Coordinatrice de l’équipe développement des compétences à la Chambre de l’agriculture de l’Yonne
Qu’est-ce que le Point Accueil Installation (PAI) ?
NA : “Cela va concerner la formation des futurs jeunes qui vont s’installer mais aussi la réalité des
projets pour une entrée en BP REA.”
Comment se concrétise le partenariat avec les autres structures ?
NA : “La spécialisation et la professionnalisation ont fait qu’on a décidé de se répartir les activités avec la formation continue au CFPPA et la partie préparation du projet au niveau de la Chambre de l’Agriculture tout en gardant un lien fort entre nos structures. Ce temps de préparation et de rencontre avec le porteur du projet, c’est aussi un moyen d’apporter la garantie d’une réalité professionnelle, que ce soit l’installation ou même le salariat dans un premier temps.
Delphine Levasseur, référente VAE au CFPPA des Terres de l’Yonne
Quel est l’objectif des entretiens de recrutement ?
DL : “L’objectif dans cet entretien de recrutement, c’est de comprendre le projet des personnes que l’on a en face de nous. Cet angle projet, il est creusé par le PAI et il permet de mieux coller la formation au projet des candidats.”
Quelles sont les étapes du recrutement ?
DL : “On réalise un entretien en commun, puis, les candidats réalisent un test de positionnement qui permet d’identifier les compétences qu’ils ont déjà acquises et enfin on a une commission de recrutement dont l’objectif est toujours de mettre du lien pour tous les porteurs de projet entre leur formation et la réalisation de leurs projets.”
Descriptif de la journée de signature de la convention de partenariat
La convention de partenariat a été signée le 19 octobre 2022, lors du séminaire de rentrée de l’enseignement agricole qui s’est déroulé au sein de l’établissement Viti Agro Campus de Beaune. Laurent Gouttebaron, directeur de l’EPLEFPA de Beaune, Marie-Jeanne Fotré-Muller, directrice de la DRAAF en région Bourgogne-Franche-Comté, Nathalie Albert-Moretti, rectrice de la région BFC et Océane Charret-Godard, vice-présidente en charge des lycées, de l’offre de formation, de l’apprentissage et de l’orientation au conseil régional BFC ont ouvert cette journée qui s’est poursuivie par les témoignages de Christelle Boivin du Service Régional de l’Alimentation ainsi que Catherine Girardet et Bertrand Schmieden, respectivement directrice d’établissement et directeur du CFPPA de l’EPLEFPA de Valdoie sur les nouvelles dynamiques de la thématique de la Souveraineté Alimentaire.
En fin d’après-midi, Valérie Comès a présenté le contenu de la convention de partenariat puis Fatène Salhi, Bertrand Schmieden et Laurence Maire du Poset ont été invités à échanger sur l’importance de consolider ce partenariat pour que le renouvellement des générations dans le domaine agricole soit assuré.